Une rencontre avec un écrivain au CDI

Une rencontre avec un écrivain au CDI

Auteur de Défaite des maîtres et possesseurs, Cora dans la Spirale, des Veilleurs et son petit dernier Les années sans soleil, Vincent Message est un écrivain contemporain né en 1983 à Paris. Il a participé aux rencontres d’écrivains organisées par le rectorat de Strasbourg et le GIP-Acmisa pour échanger avec le groupe de 1ère de l’option 1ère HLP de Mme Niess avec M. Schwoerer au CDI du lycée.

Une vocation de jeunesse 

Vincent Message est un écrivain comme qui dirait précoce qui a commencé d’abord par écrire de petites nouvelles en classe de primaire dès qu’il a su écrire ses propres mots, puis a créé de véritables romans dans ses années collège. C’est à partir du lycée que ses ambitions se sont concrétisés et précisées, en effet il s’est spécialisé dans les études de la filière littéraire en cursus général ainsi que dans la maîtrise de la langue allemande qui l’inspirera plus tard pour ses romans, puis il est rentré dans une des catégories d’écoles les plus sélectives et prestigieuses, l’Ecole normale supérieure de Paris. En outre, il a mené une vie d’universitaire et a voyagé à travers le monde et il a publié une thèse sur le roman et de sa façon de s’emparer de nos sociétés pluralistes. Concernant la maturité en écriture, Vincent Message, de par son vécu, pense que nous ne sommes pas nécessairement obligés d’en tenir compte : écrire serait plutôt de l’ordre de la pratique avec ce que l’on sait déjà faire, puis à terme de développer une stratégie d’écriture propre à soi, son style en somme. 

Plusieurs cordes à son arc

Bien qu’écrivain avant tout, Vincent Message possède en fait plusieurs métiers différents qui lui créent une routine variée, à la fois journaliste en écrivant quelques articles quand il en a l’occasion, scénariste dans le cadre potentiel de l’adaptation de l’un de ses romans, mais aussi éditeur pour conseiller sur la visée des romans d’autres auteurs qu’il rencontre pour son éditeur, le Seuil. Il travaille également en tant qu’universitaire et s’est spécialisé en littérature comparée, son domaine de recherche étant le roman du XXe siècle. Le métier d’écrivain demeure central pour lui car il lui procure une grande de source de liberté. En effet, il est libéré à la fois d’un supérieur hiérarchique ou de toute forme de date limite qu’il aurait dû respecter pour un métier lambda. Cela consiste aussi en une grande joie car il considère la lecture à la base comme un élargissement de sa propre vie et la possibilité d’être au plus proche de l’époque et des personnes traduites dans un texte, mais sans doute, l’écriture représente aussi une discipline qu’il faut s’imposer car la motivation est fugace et sans réelle force contraignante, ni prise de contrôle extérieure. Hormis le milieu éditorial, la procrastination prend des dimensions immenses dans ce domaine. Ce métier est aussi source de difficulté et de frustration en raison du juste milieu que l’on doit cultiver en permanence entre le perfectionnisme que l’on peut développer et la quantité de pages que l’on peut réaliser. Il faut aussi à ce moment-là lire en quantité pour d’une part s’inspirer, se cultiver, mais également se renseigner sur la concurrence que l’on pourrait rencontrer sur le sujet que l’on aimerait traiter. Ainsi profiter de sa liberté pour créer audacieusement est pour lui une clé non-négligeable de ce métier. 

Plus tôt, il était question du style d’écriture et pour ce qui est de Vincent Message, a contrario d’autres écrivains écrivant au fil de la plume, il préfère écrire ses romans en ayant une idée globale de leur début et de leur fin ainsi que de prendre en notes des éléments de l’intrigue qu’il développera ou non plus tard. Son roman s’organise d’une certaine manière comme un jeu de pistes où il s‘amusera à dissimuler des indices et anticiper les réactions du lecteur pour jouer avec son attention et orienter sa vision de l’œuvre comme il lui plaît. Il ne crée pas non plus ses livres en fonction de son public et de ce qu’il aime mais bien plus de ce qui lui fait envie, ça serait là une mauvaise façon d’écrire que d’écrire pour plaire cela ne devrait être que secondaire en tant qu’objectif.

Un roman de science-fiction pas si loin de notre vision du monde…

Défaite des maîtres et possesseurs est un roman contemporain de science-fiction, paru en 2015, celui-ci nous invite à prendre à contre-pied notre vision du monde par le biais de ce qui constituera nos nouveaux maîtres et possesseurs. En effet le titre de ce roman se base sur une citation de René Descartes dans le Discours de la méthode, à propos du genre humain et de son rapport à la nature en général, ici, dans ce roman, des extraterrestres ont soumis les humains et les ont réduits dans un esclavage réparti en trois formes distinctes : les humains nécessaires au travail et à la main d’œuvre, ceux utilisés comme animal de compagnie et enfin, ceux destinés à être abattus et utilisés comme nourriture pour les aliens. Ainsi, à travers la vision de Malo, un des extraterrestres, nous allons découvrir l’histoire d’Iris, une humaine destinée à l’abattoir mais qui va finalement être sauvée par celui-ci, mais aussi les ficelles de cette société établie sur la nôtre mais dirigée par d’autres… En effet, le regard de Malo décrit par l’auteur a intentionnellement tenté de faire ressortir nos habitudes d’humains pour montrer leur étrangeté d’un point de vue extérieur. En dehors de cela, on pourra noter une différence dans l’approche faite habituellement des aliens, dans le roman, le doute plane sur l’humanité de ces nouveaux maîtres et possesseurs, ils ne sont pas réellement définis et leur apparence est nimbée de mystère pour laisser libre cours à l’imagination du lecteur. Un détail assez amusant est que l’idée de ce roman lui est venue par hasard, alors qu’il avait fait quelques voyages et travaillait toujours sur Cora dans la Spirale qui sera publié par la suite, en Inde et en Camargue. Là-bas, la condition animale selon le lieu l’avait interpellée et l’a poussé à se rapprocher de la cause animale en elle-même. Par exemple, il est assez connu que la vache en Inde est considérée comme sacrée et qu’elle fait l’objet d’un soin, en Camargue c’est le taureau qui est décoré et adulé contrairement au simple ragondin qui peut se faire écraser ou chasser sans remords car considéré comme nuisible. La lecture du Terrier de Kafka a aussi joué un rôle comme source d’inspiration pour le personnage de Malo, c’est de là que provient l’idée de l’ambiguïté alien-humain qui irrigue ce roman. Cette rencontre a donc été riche en échanges pour notre groupe d’HLP et nous a permis de nous immerger dans notre nouveau thème à savoir « les représentations du monde », toujours renouvelées…

article réalisé par Louis Kapps, 1HLP2