L’univers de Samuel Achache au Théâtre national de Strasbourg

L’univers de Samuel Achache au Théâtre national de Strasbourg

D’emblée on est surpris par l’irruption d’un groupe de musiciens sur scène et d’une artiste lyrique qui chante la séparation et l’effondrement au travers de Lieders de Schumann. Sur ces entrefaites arrive un jeune homme qui vibre au son du tempo en suivant aussi la musique et le chant à l’envers. Mais qu’est-ce qu’on ferait s’effondrer ? Une maison à l’évidence, le lieu où se tissent les histoires intimes. Et c’est une gigantesque façade de maison qui nous est donnée à voir avec ses lieux ouverts et ses zones d’ombre. Non pas une fin, mais le début de l’histoire…

La maison est déjà détruite en un sens, mais que peut-on encore détruire ? Et c’est avec humour et fantaisie que le décor se démonte, à coups de masse, à force de trappes. L’ensemble conte une histoire d’amour malheureuse, mais « de travers ». En effet, « regarder une tragédie un peu de biais ne lui fait pas perdre sa force, ni son pouvoir d’émotion », confie le metteur en scène.

Finalement, tout ce petit monde se réunit dans un lieu commun, un sanatorium façon XIXe siècle, avec un clin d’œil à une nouvelle de Thomas Mann évoquant « Tristan und Isolde » et une extraction du cerveau des souvenirs heureux. L’essentiel est de ne pas clore les questions que l’on pose, mais de voir comment elles en amènent d’autres, déclare Samuel Achache, autant de pistes qui s’enchevêtrent dans un joyeux capharnaüm. Et l’on ressort réjoui de cet accord majeur entre musique et théâtre, farce et tragédie, avec des questions plein le cœur.