Eloi Audouin-Rouzeau au CDI du lycée

Eloi Audouin-Rouzeau au CDI du lycée

Lundi 29 janvier les premières HLP de Mme Niess ont reçu l’écrivain Eloi Audoin-Rouzeau qui venait présenter son premier roman, « Ouvre ton aile au vent » dans le cadre des rencontres d'écrivains organisées par la DAAC de l'Académie de Strasbourg. Ce dernier est resté près de deux heures au CDI afin de s’entretenir avec les élèves qui ont pu faire part de leurs questionnements à propos du livre et de la vie d’auteur.

 

Tombé dans la potion magique…

 

Les élèves, curieux, avaient une multitude de questions, les thèmes évoqués étaient d’autant plus variés. Au programme, « comment écrire un livre, trouver de l’inspiration et des motivations ? » Le jeune écrivain a évoqué son parcours professionnel et personnel car étant lui-même issu d’une famille d’écrivains, son grand-père, Philippe Audoin était un écrivain surréaliste qui a côtoyé André Breton, son père, Stéphane Audoin-Rouzeau est historien et sa tante n’est autre que la célèbre Fred Vargas. Mais même s’il est tombé dans le chaudron dès sa tendre enfance, Eloi Audoin-Rouzeau est aussi titulaire d’un master en sciences politiques ce qui lui a permis de travailler plusieurs années pour la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture) et de rejoindre un poste à Rome. Ayant envie d’écrire, il décida de coécrire un premier ouvrage pendant la pandémie avec un sans-abri, ce qui a donné « Belleville au cœur » qui a connu un beau succès d’estime.

 

Mais c’est en 2021 qu’il entreprit la rédaction de son premier ouvrage, « Ouvre ton aile au vent », titre qui évoque une comptine chantée par sa maman quand il était enfant et une des clés de l’intrigue. Dans un Paris rétrofuturiste, un canard est lâché du haut de la Tour d’Argent (le grand restaurant ayant inspiré le film Ratatouille). Une course démarre alors afin de l’attraper ainsi que la récompense qui va avec. Au travers de cette course au canard, l’auteur dévoile de multiples portraits de personnages et les défauts d’une société agonisante à la suite d’une pandémie aviaire.

 

L’idée de ce livre lui est venue en plein confinement lorsqu’il a découvert l’histoire vraie de ce lancer de canard, une histoire drôle qu’il se devait de reprendre dans son livre. Le thème principalement évoqué est « la vision du monde », autour duquel les élèves d’HLP travaillent.

 

Familier de Milan Kundera

 

Les sources d’inspiration de l’écrivain sont diverses, mais l’une qui est revenue plusieurs fois est celle de l’écrivain franco-tchèque Milan Kundera, décédé en juillet dernier et de son livre « L’insoutenable légèreté de l’être ». D’autres inspirations interviennent dans le processus d’édition et notamment dans la première de couverture qui est proposée directement par l’éditeur. L’auteur nous a évoqué Jules Verne pour le côté onirique de ses couvertures.

 

Un autre thème profondément d’actualité a été traité, l’IA. Cette dernière est vue comme une potentielle menace envers le métier d’écrivain, M. Audoin-Rouzeau estime ne pas encore avoir le recul nécessaire pour se prononcer, mais pour lui écrire un livre et surtout le terminer nécessite une profonde humanité et je cite : « un cœur d’acier », ce que l’IA n’a pas. 

 

Tout le monde peut commencer un roman, le tout c’est de le terminer 

 

En effet, Eloi Audouin -Rouzeau évoque une écriture laborieuse, qui se développe sur de petits carnets, des notes, puis une restructuration de l’ensemble loin de l’agitation du monde, assis à son bureau. Il le confesse, on est bien loin de l’idée un peu galvaudée de l’écrivain bohême rédigeant frénétiquement sur des feuillets épars dans le brouhaha d’un café parisien. Il ajoute aussi qu’écrire un roman est une obsession de tous les instants, tout est sujet à y songer, même les situations les plus banales. Il quitte ainsi son antre solitaire pour se vider l’esprit, ce qui lui permet de revitaliser son inspiration en parcourant Paris, sa ville d’élection.

 

Enfin, une autre question trottait aussi dans la tête des élèves, celle de la pérennité du métier d’écrivain qui, pour le moment ne lui permet pas encore de vivre de sa passion, c’est pour cela qu’il propose des cours pour de futurs enseignants et rédige des chroniques pour le podcast « Historiquement vôtre » de Stéphane Bern sur Europe 1. Cette activité est chronophage, certes, mais reposante d’après lui.

 

Cette rencontre a permis d’en apprendre plus sur le quotidien d’un écrivain, le processus de publication d’un livre, de la première idée à la diffusion. Des barrières ont été levées sur l’accessibilité de ce métier qui peut faire peur. Les élèves sont unanimes : ce fut très enrichissant et leur a permis de nourrir leur réflexion sur les « visions du monde ». 

Enzo Lorentz